lundi 9 novembre 2015

Entrevue (à distance) avec le Dr François Grand'Maison, neurologue et directeur de la clinique Neuro Rive-Sud

Quels sont vos impressions du grand congrès de l'ECTRIMS qui s'est tenu en octobre?


J’ai bien apprécié les conférences à l'ECTRIMS. Cette année, bien que tous les sujets aient été abordés, celui des phases progressives a dominé le congrès.

D’ailleurs, la conférence inaugurale du congrès portait justement sur les formes progressives de SP. Elle a été donné par le professeur Alan Thompson, de l’Institute of Neurology, Department of Brain Repair and Rehabilitation à Queen Square à Londres. Il a parlé de cinq défis : le diagnostic précoce, les phénotypes, les mécanismes pathophysiologiques, les traitements et les mesures d’efficacité des traitements.

Une révision de la classification des formes progressives a eu lieu en 2013 mais n’est pas encore utilisée couramment. Il est suggéré de ne plus utiliser les termes « primaire » et « secondaire » mais plutôt « progression » ou « absence de progression ». En effet, rien n’indique qu’il y a des différences pathophysiologiques significatives entre les formes primaire et secondaire. De plus, les gens atteints d’une forme progressive de SP ne progressent pas nécessairement tout le temps. Il peut y avoir des périodes de non-progression. Les mécanismes de progression et d’arrêt de progression ne sont pas bien compris. Il est important de mieux les comprendre pour mieux traiter la progression.
 
Deux mesures de progression ont souvent été discutées au congrès. Premièrement, le volume cérébral et son corolaire, l’atrophie cérébrale. « Atrophie » signifie perte de substance cérébrale qui inclut la perte de cellules nerveuses et de myéline. L’atrophie cérébrale est normale avec les années, à partir de la vingtaine. Le cerveau sain s’atrophie de 0,1-0,4% par année alors que le cerveau atteint de SP s’atrophie en moyenne trois fois plus vite, jusqu’à 1,2% par année. Il est rassurant de constater que plusieurs médicaments ralentissent considérablement l’atrophie cérébrale, mais pas nécessairement dans les formes progressives de SP. 

L’autre mesure de progression est en réalité une mesure de dégénérescence axonale. Il s’agit du taux de neurofilaments dans le liquide céphalorachidien (LCR) que l’on obtient à l’aide d’une ponction lombaire. Il y a une bonne corrélation entre l’efficacité des traitements et de ce biomarqueur.

Ces deux mesures, l’atrophie cérébrale et le taux de neurofilaments dans le LCR, permettront de déterminer beaucoup plus rapidement l’efficacité de traitements potentiels des formes progressives de la SP. D’ailleurs, le premier traitement efficace pour ralentir la vitesse de progression de la SP, l’ocrelizumab, diminue aussi la vitesse de l’atrophie cérébrale. Espérons qu’il sera approuvé bientôt.

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