samedi 13 octobre 2012

Mon expérience au 28e congrès de l’ECTRIMS

Mot de la fin

J’ai beaucoup apprécié mon expérience qui m’a permis d’être témoin, en première loge, de la multitude de pistes et d’options qui sont examinées actuellement. Sept options thérapeutiques sont maintenant disponibles pour la forme cyclique et on pourra, dans un avenir prochain, parler d’une dizaine d’options. Plusieurs chercheurs se dédient maintenant aux formes progressives de la SP et nous espérons tous que les personnes qui en sont atteintes ne seront bientôt plus en reste.


J’ai entendu plusieurs fois l’expression "disease free" qui signifie être libéré des symptômes de la maladie, avoir le pouvoir de la contenir, de la désactiver. Cette expression me fait espérer et c’est un but réel visé par les scientifiques.

Le mot que j’ai entendu le plus souvent est "collaboration". Elle est tellement importante pour faire avancer la science et pour l’atteinte des objectifs communs à toute la communauté de la SP. J’ai été impressionnée par toutes les plateformes de partage des connaissances et les base de données disponibles de par le monde. Je ne savais pas qu’il existait une base de données (volontaire) utilisée par 285 cliniques dans plus de 40 pays. 

Autre volet important : l’intérêt porté à la SP qui augmente année après année. La preuve? Il y a exactement 25 ans s’est tenu un autre congrès de l’ECTRIMS, à Lyon, qui a attiré 180 participants. En 2012, le congrès de l’ECTRIMS a attiré plus de 6 000 personnes.

Natalizumb (Tysabri) - Formes progressives

Conférence de clôture 

La recherche dans le domaine de la SP se penche de plus en plus sur les formes progressives dont on comprend peu la pathogénèse. Actuellement utilisé dans la forme cyclique, le natalizumab (Tysabri) bloque le passage des leucocytes (globules blancs) dans le cerveau et pourrait avoir un effet bénéfique dans les formes progressives.

Des chercheurs du Danemark ont mené une étude d’une durée de soixante semaines sur douze personnes ayant la forme progressive primaire et douze ayant la forme progressive secondaire de SP. Les participants étaient âgés entre 19 et 55 ans, avait une cote sur l’échelle EDSS de moins de 7 et on devait avoir noté une progression évidente de cette cote dans les deux dernières années. Dix-sept patients ont terminé l’étude, quatre d’entre eux ont dû abandonner après avoir développé des anticorps au natalizumab et trois autres ont demandé de quitter l’étude.

Le traitement a été bien toléré et on n’a pas noté d’effets secondaires autres que ceux déjà connus.

L’étude a démontré une diminution de l’inflammation dans le système nerveux central, de la perte axonale et des lésions sur la myéline ainsi que des améliorations cliniques. On aurait donc suffisamment de données pour mettre sur pieds une étude de phase III sur le traitement des formes progressives avec le natalizumab.

Contraceptifs oraux

Conférence de clôture 

Plusieurs femmes remarquent une augmentation de leurs symptômes de sclérose en plaques lorsqu’elles ont des changements hormonaux, en période menstruelle notamment. Des études ont déja démontré les effets bénéfiques de l’oestrogène. J’étais donc très curieuse d’entendre ce qu’un groupe de chercheurs d’Italie avait à nous apprendre de leur étude sur les contraceptifs oraux pris en concomittance avec l’interféron bêta-1a.


Lors de cet essai clinique, cent cinquante femmes ont été réparties à nombre égal dans trois groupes et ont pris les substances suivantes pendant 96 semaines :
1 - groupe témoin - interféron bêta-1a seulement ;
2 - interféron bêta-1a et une faible dose de contraceptifs oraux ;
3 - inteféron bêta-1a et une dose plus importante de contraceptifs oraux.

Les participantes ont passé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) à la 48e et la 96e semaine. On a remarqué qu’il y avait moins d’activité de la maladie à l'IRM dans le troisième groupe (haute dose d’oestrogène). Ces résultats nous encouragent à explorer davantage le lien entre les hormones et la SP.

IVCC - Étude CoSMO

Dr Giancarlo Comi

Le Dr Comi est directeur du département de neurologie et de l’Institut de neurologie expérimentale, Université Vita-Salute (Milan). Il a présenté les résultats de CoSMO, la plus vaste étude observationnelle sur la prévalence de l'insufisance veineuse céphalorachidienne chronique (IVCC) en sclérose en plaques, financée par la Fondation de l’organisme italien de la sclérose en plaques.


Trente-cinq centres des quatre coins de l’Italie ont recruté 1 165 personnes ayant la SP, 376 n’ayant pas de problème de santé et 226 ayant une autre maladie neurologique. Une formation a été donnée à 26 spécialistes de l’échographie pour s’assurer que tous utilisent la bonne méthode et utilisent bien les cinq critères diagnostiques établis par le Dr Zamboni.

Le  Dr Comi a beaucoup insisté sur le fait que l’étude a été menée à l’aveugle avec une méthodologie très rigoureuse. Lorsque le spécialiste de l’échographie recevait un participant, il ne savait pas s’il avait la SP, une autre maladie neurologique ou aucun problème de santé. Il envoyait ensuite les résultats au centre qui coordonnait l’étude et ce dernier les envoyait à un des trois experts du comité d’examen. L’expert, quant à lui, ignorait dans quel centre avait été passé l’examen et à lequel des trois groupe le participant appartenait. Il pouvait donc procéder au diagnostic sans aucune influence extérieure.

Lorsque les résultats du spécialiste initial et de l’expert concordaient, le résultat était considéré comme final et était compilé.

L’étude CoSMO, d’une durée 2 ans, ne soutient pas l’hypothèse d’un lien entre l’IVCC et la SP. Le pourcentage de diagnostic d’IVCC est semblable dans les trois groupes, soit 3 % chez les personnes qui ont la SP, 3 % chez celles qui ont une autre maladie neurologique et 2 % dans le groupe témoin (aucune maladie).    


Dernières conférences à l'ECTRIMS

Le congrès s'achève et tous se réunissent pour les conférences de clôture

Première partie :
- étude de phase III sur l'acétate de glatiramère (Copaxone) administré à trois jours par semaine au lieu de l'injection quotidienne ;
- étude observationnelle sur l'IVCC (CoSMO) menée en Italie - sujet de mon prochain blogue ;
- anticorps (AIN457) qui pourrait être efficace pour réduire le nombre de lésions ;
- résultats préliminaires d'un essai clinique sur un nouveau medicament dans la forme cyclique (daclizumab);
- résultats encourageants du natalizumab (Tysabri) à l'essai dans les formes progressives de SP ;
- une piste en lien avec les hormones : contraceptifs oraux ajoutés aux traitements par interférons bêta dans la forme cyclique.

Deuxième partie :

- neuromyélite optique de Devic ;
- brève revue des traitements émergents présentés dans les derniers jours (teriflunomide, simvastatin, cannabinoides, natalizumab, alentuzumab) ;
- brève revue des recherches fondamentales présentées pendant le congrès.

vendredi 12 octobre 2012

L’ECTRIMS - un horaire chargé

La journée est terminée et le congrès prendra fin demain midi. Une myriade de sujets ont été abordés aujourd’hui : fatigue et cognition, épidémiologie, traitement des symptômes, imagerie, qualité de vie, biomarqueurs, gestion des risques dans la prise de médicaments, immunolgie, etc. Je constate que les chercheurs s’assoient ensemble pour discuter des avancées de la dernière année. J’entends des discussions passionnées, je constate que l’esprit est à la collaboration, au partage entre les participants. Qui pourrait croire qu’ils ne se côtoient que rarement et que leurs bureaux sont situés aux quatre coins du globe.

À l’horaire demain : deux plénières très chargées, la remise des prix pour les meilleures présentations par affiche ainsi que pour la meilleure présentation orale donnée par un jeune chercheur et les prix remis par la Fédération internationale de la sclérose en plaques (MSIF). À demain!

Biomarqueurs

Ce sujet a retenu particulièrement mon attention dans les derniers mois et il est d’une grande complexité. Après avoir consulté les 7 présentations par affiche à ce sujet, je partage avec vous ma définition de biomarqueurs.

Un biomarqueur est quelque chose dans le corps, par exemple, une cellule, une hormone, ou quelque chose dans l’ADN, qui peut donner des indications sur l’efficacité d’un traitement. On pourrait développer des traitements plus spécifiques pour la SP si on savait exactement à quoi répond le système immunitaire d’une personne. Avec les biomarqueurs, on aurait une indication sur le traitement le plus efficace pour chacun.

Ma prédiction : Nous aurons bien des occasions d’en apprendre davantage à ce sujet dans un futur pas très lointain.

L'avis de Dre Jiwon Oh


La Dre Jiwon Oh, stagiaire postdoctoral à l’Hôpital John Hopkins (Baltimore), se consacre à la recherche sur l’imagerie par résonance magnétique, plus particulièrement au niveau de la moelle épinière. Elle a adoré échanger avec les autres chercheurs. Elle a surtout apprécié les présentations données par les jeunes chercheurs. Elle repars avec un bagage supplémentaire de connaissances et de bons souvenirs de Lyon!

Dre Jiwon Oh

Traitement oral - fumarate

Dr Hans-Peter Hartung

Le  Dr Hartung est directeur de la clinique de neurologie de l’Hôpital universitaire de Dusseldorf (Allemagne) et participe à plusieurs essais cliniques sur des traitements émergents notamment le fumarate (BG-12). Deux études ont donné des résutats encourageants.

Dr Hans-Peter Hartung
L’étude DEFINE, qui comportait 1 200 participants, a démontré que le groupe qui prenait la substance active a subi moins de poussées que le groupe témoin (placebo). On a aussi remarqué des effets bénéfiques en lien avec l’activité de la maladie visible à l’IRM et la progression de l’incapacité. L’essai CONFIRM, qui comportait 1 400 participants, a donné des résultats semblables sauf en ce qui a trait au ralentissement de la progression de l’incapacité qui n’a pa été démontré de manière significative.

Le Dr Hartung voit de façon positive toutes les nouvelles options thérapeutiques mais croit qu’il sera complexe de déterminer la meilleure option pour chaque patient. L’établissement de lignes directrices nécessitera du temps et beaucoup d’observations cliniques. La communication entre les neurologues et leurs patients deviendra encore plus importante afin de prendre les bonnes décisions.

Forme cyclique et grossesse

I. Karp, A. Manganas, M.-P. Sylvestre, E. Roger, A. Ho, P. Duquette

Une équipe dont fait partie le Dr Pierre Duquette, neurologue et directeur de la clinique de SP du CHUM (Montréal), a mené une étude sur l’impact de la grossesse sur l’évolution à court et à long terme de la forme cyclique de la SP. La crainte d’avoir une poussée dans la période post-partum est très présente alors les données pourront aider les femmes désirant avoir des enfants à faire des choix éclairés.

Visuel résumant l'étude sur la grossesse et la forme cyclique de SP
Les participantes ont été identifiées et recrutées à l’aide de la base de données des patients du CHUM (1977-2010). Ce sont 261 participantes enceintes et 427 qui ne l’étaient pas qui ont pris part à l’étude, toutes avaient la forme cyclique. Elles ont été suivies pendant 10 ans et on a recueilli des données sur leur style de vie et sur leurs caractéristiques cliniques. On voulait surtout noter leur taux de poussées, le délai avant d’en arriver à un score EDSS de 4 et le nombre d’années avant l’évolution vers la forme secondaire progressive.

Cette étude suggère que la grossesse chez les femmes ayant une forme cyclique de SP pourrait ralentir l’évolution de la maladie à court terme, mais il semble y avoir un effet à retardement à long terme. Elle laisse croire aussi qu’il serait préférable d’attendre d’avoir l’âge de 25 ans avant de tomber enceinte. Un délai de 3 mois serait également souhaitable à la suite d’une poussée.

Bactéries et SP

Dr Lloyd H. Kasper

Le Dr Kasper est professeur de microbiologie, immunologie et médecine à l’École de médecine Geisel (Dartmouth). Je dois admettre que j’avais peu de connaissances sur son champ de recherche et que j’ai du poser bien des questions pour en comprendre une partie!

L’être humain comprend plusieurs mètres d’intestins dans lesquels vivent plus de 10 000 espèces de bactéries. Nous n’en connaissons que quelques-unes sur ce lot et nous étudions leur potentiel rôle dans la SP depuis quatre ou cinq ans seulement.

Dr Lloyd H. Kasper
On croit que les bactéries intestinales jouent un rôle dans le processus immunitaire. Les chercheurs ont donné des antibiotiques à des souris ayant l'EAE, une maladie semblable à la SP. Les antibiotiques ont eu l’effet escompté sur les parasites et également un effet protecteur contre la sclérose en plaques. En réintroduisant les bactéries, les symptômes sont réapparus. L’équipe du Dr Kasper travaille présentement sur des prélèvements sanguins de personnes qui ont la SP et tente d’évaluer si on peut reproduire le phénomène en laboratoire.

Troubles cognitifs

Dr Ralph HB Benedict

Le Dr Benedict est professeur de neurologie à l’Université de Buffalo et il s’intéresse particulièrement aux troubles cognitifs parce qu’ils ont un gros impact au quotidien pour les personnes atteintes de SP, notament sur la capacité à demeurer sur le marché du travail.

Dr Benedict
On a pensé pendant de nombreuses années que les troubles cognitifs en sclérose en plaques étaient causés par des lésions sur la myéline. On croit maintenant qu’ils sont plutôt causés par une perte de tissus dans la matière grise. Ses patients lui rapportent souvent une difficulté à suivre les conversations, un ralentissement de la pensée et des problèmes de mémoire.

Ses recherches ont trois objectifs : comprendre plus précisément ce qui cause les troubles cognitifs, trouver des moyens efficaces et peu coûteux de les évaluer et enfin, identifier des traitements pour y remédier. Il croit que patients et médecins doivent travailler de pair pour comprendre les symptômes liés à la cognition. 

Le Dr Benedict a espoir que l’on aura bientôt des traitements pharmacologiques efficaces pour les troubles cognitifs. Il mène présentement un essai clinique sur la Dalfampridine, un médicament utilisé pour améliorer la vitesse de la marche. On a des raisons de croire que ce médicament pourrait aussi agir sur la cognition. Des études sont aussi en cours sur l’impact de l’activité physique sur la cognition. Il croit que la prise en charge optimale sera une combinaison de traitements pharmacologiques, d’activité physique spécifique et d’entraînement cognitif.


SP pédiatrique

Dre Brenda Banwell, neuro-pédiatre, chef de la neurologie, Hôpital pour enfants de Philadelphie
Dr Amit Bar-Or, neuro-immunologiste, Institut et hôpital neurologiques de Montréal

Le plus jeune enfant chez qui la Dre Banwell a diagnostiqué la SP avait un peu moins de deux ans. Chaque semaine, elle reçoit un nouveau jeune patient ayant potentiellement la SP. Ma première question a été : comment se déroule le processus diagnostique pour un enfant qui n’est pas en mesure d’expliquer ses symptômes? Bien entendu, on utilise l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et l’examen clinique mais on doit aussi développer l’habileté de faire parler les enfants.

Elle m’a expliqué qu’il y avait plus de possibilités de diagnostic différentiel chez les enfants. En effet, il y a plus de maladies infantiles dont les symptômes sont semblables à la SP que chez les adultes. Elle ne croit pas nécessairement qu’il y a de plus en plus d’enfants qui ont la SP, en fait nos données à ce sujet sont trop récentes (10 ans) pour qu’on puisse se prononcer.

Dre Banwell et Dr Bar-Or
Cette entrevue en duo a porté sur leurs travaux de recherche dans le domaine de la SP pédiatrique. Selon eux, ce domaine peut nous en apprendre énormément sur les mécanismes de la maladie. Le travail avec les enfants permet d’étudier les premières manifestations de la SP, ce qui n’est pas possible chez les adultes. En effet, la plupart des adultes ont déjà un historique avec la SP, même s’ils en sont à leur première poussée.

La recherche a pu avancer davantage dans certains secteurs à l’aide des enfants ayant la SP. On a beaucoup étudié le virus Epstein-Barr (mononucléose) comme facteur de risque. Il était difficile de démontrer que ce virus était plus présent chez les personnes qui ont la SP que dans un groupe contrôle parce qu’il est présent dans 95 % de la population âgé dans la trentaine. C’est plus facile chez les enfants parce que le pourcentage est beaucoup plus bas.

Ils ont également étudié la déficience en vitamine D comme facteur de risque. La Dre Banwell mesure le taux de vitamine D de ses jeunes patients et leur recommande d’en prendre lorsqu’il est trop bas (dose recommandée par Santé Canada). Elle croit qu’un parent qui a la SP devrait donner des suppléments de vitamine D à ses enfants, même si le risque pour ceux-ci n’est pas beaucoup plus élevé que pour la populatin en général.

Le Dr Bar-Or croit que la vitamine D est là pour rester mais qu’il reste à savoir quand et comment l’utiliser de façon optimale.

jeudi 11 octobre 2012

Dossier - Insuffisance veineuse céphalorachidienne chronique (IVCC)

Présentation par affiche - Registre IVCC
I. Yee, A. Traboulsee, D. Sadovnick, L. Machan

Lucas Machan
Ce groupe de chercheurs de la Colombie-Britannique a fait une présentation par affiche des résultats préliminaires de leur registre de 50 personnes ayant eu la veinoplastie. Celles-ci ont répondu à des questions par téléphone sur leur état de santé général, leurs activités quotidiennes et l’évolution de la SP.

Voici quelques faits saillants :
- 34 personnes ayant eu la veinoplastie considèrent que le traitement a répondu à leurs attentes;
- 5 personnes ont eu des complications liées à l’intervention : problème à l’incision nécessitant de recommencer l’intervention, douleurs (3 personnes), intervention annulée parce que les veines étaient bloquées à 90 % ;
- 5 personnes ont eu des complications dans le premier mois qui a suivi l’intervention : symptômes semblables à ceux d'une crise cardiaque, arythmie ayant nécessitée une hospitalisation, problèmes respiratoires, oedème à la jambe, douleurs.

L'avis de Geneviève Tousignant


Geneviève Tousignant est infirmière à la clinique de SP de l'Institut et hôpital neurologiques de Montréal. Elle a particulièrement apprécié la présentation sur les troubles visuels car ces derniers pourraient éventuellement nous aider a prédire l’activité inflammatoire de la maladie et la progression de l’invalidité.

Geneviève Tousignant

Un mot du Dr Antel


Dr Jack Antel est neurologue à la clinique de SP de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal. Il trouve particulièrement important de s’assurer que les informations cliniques soient appuyées par de solides données scientifiques avant d’aller de l’avant dans l’étude de meilleurs traitements.
Dr Jack Antel

Diverses façons de s'informer à l'ECTRIMS


Des centaines d'affiches sont mises à la dispositions de participants,
afin de s'informer sur divers sujets en lien avec la sclérose en plaques



Un centre de documentation à l'ECTRIMS

Un kiosque aux allures de centre de documentation

Médicament oral - Tériflunomide

Dr Lily Jung
Dr Jim Bowen

Cette entrevue a été menée en duo avec deux neurologues de l’Institut suédois de neuroscience à Seattle. La FDA (équivalent de Santé Canada aux États-Unis) vient tout juste d’approuver la mise en marché du tériflunomide (Aubagio), en doses quotidiennes de 7 et 14 mg pour la forme cyclique de SP.

Ce médicament oral est considéré comme sécuritaire et son mécanisme d’action est différent de ceux actuellement disponibles. Ses effets secondaires les plus fréquents consistent en un amincissement modéré et temporaire des cheveux et un dysfontionnement du foie. On doit donc avoir recours à des prises de sang à tous les mois dans les six premiers mois. Autre élément important à prendre en compte : la grossesse ne va pas de pair avec la prise de ce traitement. On doit utiliser une méthode contraceptive et il faut être conscient que le tériflunomide demeure dans le sang 18 jours et il en reste des traces dans le corps plusieurs mois.

Les études ont démontré une diminution de l’activité de la maladie visible à la résonance magnétique, de la progression de la SP et du nombre de poussées (30 %). Cette option est intéressante pour les gens ayant eu un échec ou une intolérance aux traitements de premiere ligne actuels (injections) car il pourrait devenir une autre option de première ligne. Actuellement, on ne croit pas qu’une pause sera nécessaire lors d’un changement de traiment. 

Les docteurs Jung et Bowen sont heureux de l’arrivée d’une option thérapeutique supplémentaire mais ils suggèrent d’avoir de bonnes discussions avec son neurologue avant de prendre la décision de changer de traitement, surtout si ça va bien avec celui-ci.  

Insuffisance veineuse céphalorachidienne chronique (IVCC)

Dr Marc Girard

Je me suis entretenue avec le Dr Girard, neurologue à la clinique de sclerose en plaques du CHUM (Montréal) à propos de l’annonce de la mise sur pieds d’un essai clinique pancanadien sur l'insuffisance veineuse céphalorachidienne chronique (IVCC). Avec les avancées des trois dernières années et la possibilité d’avoir du financement, le temps était venu d’aller de l’avant avec un essai de phase I-II. 
Dr Marc Girard
Ce sont donc 25-30 personnes qui participeront a l’étude de Montréal, qui se déroulera également à Vancouver (Dr Anthony Traboulsee) et possiblement dans deux autres villes canadiennes, pour un total de 100 participants. Cette étude débutera par un doppler afin de diagnostiquer les sténoses veineuses selon les critères du Dr Zamboni. Elle se déroulera à double insu et tous auront la veinoplastie (ballonet), mais à deux moments différents. La moitié des partipants l'auront au début de l’étude alors que l’autre moité l’auront au douzième mois. Seul l’angio-radiologiste aura l’information et on administrera une sédation consciente aux participants. Deux neurologues feront les suivis séparément. L’un fera les suivis neurologiques, alors que l’autre s’assurera qu’il n’y aura pas de complications.

Les participants seront suivis de manière rigoureuse par des examens par doppler à tous les trois mois et par imagerie par résonance magnétique périodiquement. Ils auront aussi à remplir un questionnaire sur la qualité de vie (spasmes, problemes urinaires, troubles cognitifs, fatigue, etc.) à tous les trois mois. 
 
Dr Anthony Traboulsee

La rigueur de l’étude nous permettra d’avoir davantage de réponses à nos questions. Cette étude sera d’une durée de deux ans - durée à laquelle il faut ajouter le délai de recrutement des participants et celui d'analyse des données.

Électro-stimulation

Kathy Zackowski, PhD, OTR, MSCS

Kathy Zackowski est ergothérapeute a Johns Hopkins, Institut Kennedy Krieger, département de médecine physique et réadaptation. Elle a mené une étude sur l’électro-stimulation pour traiter le pied tombant. Les impulsions électriques peuvent aider à faire plier la cheville pour empêcher que le pied traîne. Elle a aussi utilisé cette technologie dans une petite étude qui avait pour but d’améliorer la performance à la marche. Elle a installé une électrode à trois endroits différents sur les jambes des participants et leur a demandé de s’entaîner sur une bicyclette stationnaire. Le but était d’évaluer si l’électro-stimulation améliorait la performance et les résultats ont été positifs. 

Kathy Zackowski

Une plus vaste étude est en cours cette fois avec un groupe témoin. Cet ajout était nécessaire puisque l’activité physique à elle seule peut améliorer la performance. Si la différence entre le groupe n’ayant pas d’électrode et le groupe ayant des électrodes est significative, l’utilisation de cette technologie pourra être étendue.


Elle croit que la réadaptation est très importante, surtout pour les personnes ayant une forme progressive. On peut être optimiste puisque la recherche se poursuit dans le domaine de la réadaptation tout en continuant à chercher de meilleurs traitements. Elle croit que nous devons construire des ponts entre la réadaptation et la prise en charge médicale ; avoir une vision large et inclusive.

Forme progressive - banque de tissus

Dr Richard Reynolds

Le Dr Reynolds est directeur de la banque de tissus du Royaume-Uni et professeur de neurosciences au College impérial de Londres. La banque est constituée principalement de cerveaux mais également de moelle épinière et est consacrée uniquement à la sclérose en plaques. Elle fournit des échantillons à des chercheurs de plusieurs pays. À ce jour, 4 000 personnes sont inscrites pour faire le don de leurs tissus.

Richard Reynolds

L’entrevue avait pour but de faire le point sur son étude de 550 cerveaux provenant de personnes qui avaient la SP de forme progressive primaire et secondaire. Il a fallu plusieurs années pour obtenir suffisamment de cerveaux de personnes ayant une forme progressive primaire; il en a présentement 56 à sa disposition. Fait intéressant : il tente de faire des corrélations entres les cerveaux étudiés et les dossiers médiaux qui leur sont associés.

Le Dr Reynolds et son équipe ont pu observer que beaucoup de lésions avaient été réparées dans les cerveaux étudiés. Ils ont aussi remarqué que, lorsque les fibres nerveuses sont trop endommagées, elles ne peuvent être réparées. Le but de leur travail est de mieux comprendre les formes progressives afin de mieux cibler les traitements qui pourraient être efficaces. On sait que l’inflammation est très présente dans la forme cyclique et elle l’est également dans les formes progressives. On pourrait donc poursuivre les traitements qui ciblent cette inflammation et viser également la perte axonale et neuronale plus présente dans les formes progressives.

En tant que directeur d’une banque de tissus, il connaît l’importance d’avoir accès aux tissus endommagés par la SP pour l’avancement de nos connaissances.

mercredi 10 octobre 2012

Médicament oral - fingolimod

Panel - présentation à large diffusion

La journée s’est terminée par une conférence dans l’amphithéâtre où se sont rassemblés des centaines de participants. On y a fait le point sur le fingolimod (Gilenya), premier traitement oral pour ralentir l’évolution de la sclérose en plaques. 

La troisieme phase de l’étude FREEDOMS II mettait à contribution 778 personnes ayant la forme cyclique de SP. Le taux de poussées dans le groupe traité par une dose quotidienne de Gilenya a été réduit de 48 % comparativement au groupe qui prenait le placebo. Cette étude avait pour objectif principal de mesurer la diminution du nombre de poussées avec ce traitement.

On y a aussi présenté les précautions que les médecins doivent prendre lorsqu’ils initient ce traitement : électroencéphalogramme avant la prise de la premiere dose, surveillance de symtômes tels que ralentissement du rythme cardiaque, examen de l’oeil 3 à 4 mois apres le début du traitement, etc.

Le fingolimod a été approuvé en mars 2011 par Santé Canada.

Forme progressive secondaire

Dr Jeremy Chataway

Jeremy Chataway

Le Dr Chataway est neurologue consultant à l’Hôpital national de neurologie et neurochirurgie, UCL, et au College imperial (Londres). Il est présentement en voie de publier les résultats de son étude (MS-Stat Trial) de phase II sur un traitement utilisé depuis plusieurs années pour diminuer le taux de cholestérol (simvastatin).



Il a suivi pendant deux ans un groupe de 140 personnes ayant la forme progressive secondaire de SP dont la moitié prenaient la substance active et l’autre moitié, le placebo. Les résultats sont encourageants : il a constaté une amélioration à la résonance magnétique mais aussi des bénéfices cliniques et possiblement un effet neuroprotecteur (protection des nerfs).

Il a affirmé que la recherche sur les formes progressives est plus compliquée que celle menée dans la forme cyclique. De meilleures méthodes pour mesurer les résultats sont à la disposition des chercheurs pour cette dernière. On peut notamment comparer le nombre de poussées avant la prise d’un traitement et après. Il est plus complexe de mesurer la progression de la maladie.

Le Dr Chataway rencontre une soixantaine de patients par semaine dans le cadre de suivis médicaux et plusieurs d’entre eux ont la forme progressive secondaire. Il est conscient qu’il n’a pas d’option thérapeutique à leur offrir pour le moment mais il fait un suivi rigoureux de leurs symptômes et tente de les soulager le plus possible.

Un de ses objectifs est de rendre disponible un traitement sécuritaire pour ralentir la progression de la forme progressive secondaire. Selon lui, nous sommes à la frontière de cette découverte, comme nous l’étions il y a 20 ans pour la forme cyclique.

Un coup de main européen


European Charcot Foundation est un organisme a but non lucratif qui travaille a l’avancement de la recherche sur la SP en Europe. Elle organise des réunions et donne de la formation, produit des publications, recrute de jeunes chercheurs et coordonne la recherche sur la SP. Leur symposium annuel se tiendra en octobre 2012 en Espagne. charcot-ms.org

European Charcot Foundation

Recherche et collaboration - portraits

Dhia Chandraratna, directrice de la recherche
Fédération internationale de la sclérose en plaques (MSIF)

Dhia Chandraratna
Un des rôles de la MSIF est de promouvoir la recherche collaborative. Dhia y travaille depuis 2008 et voit une grande amélioration dans les façons de faire et de penser. Elle se dit excitée par les nouvelles données et par le fait que de plus en plus de pays soient représentés dans les congrès comme celui-ci.


Les défis a relever :

- Mieux comprendre la sclérose en plaques et ses mécanismes;
- Développer de meilleurs outils pour mesurer les résultats des études.


Dr Alan Thompson, professeur de neurologie
Dean of UCL Faculty of brain Sciences
Alan Thompson


Des congrès comme celui-ci jettent les bases du travail de collaboration. Ils permettent le réseautage et la rencontre de scientifiques qui ont les mêmes objectifs. Des personnes de différents horizons sont riches de connaissances.

Je crois aussi beaucoup au pouvoir des équipes multidisciplinaires (neurologues, infirmières, psychologues, etc.) pour améliorer la qualité de vie des personnes qui ont la SP.

Notre façon de voir la SP doit être en constante évolution et nous devons identifier de nouveaux sujets de recherche prometteurs notamment pour les formes progressives. Je m’intéresse à un tout nouveau concept de prise en charge de la maladie ainsi qu’aux nouveaux médicaments.


Recherche et collaboration - portraits

Peer Baneke, directeur
Fédération internationale de la sclérose en plaques (MSIF)

Le lieu où se déroule la recherche a peu d’importance, c’est la collaboration qui compte. La technnologie a permis aux chercheurs de se rapprocher les uns des autres et tous reconnaissent l’importance de conjuguer leurs efforts.

Les organismes représentant les personnes touchées par la SP se doivent d’innover et d’être créatives afin d’amasser les fonds nécessaires pour soutenir la recherche.


Karen Lee, vice-présidente de la recherche
Société canadienne de la sclérose en plaques

Nous avons mis sur pieds le Réseau de recheche et de formation Stop SP dans le but de favoriser la collaboration entre les chercheurs et de mieux soutenir la relève. Les organismes dans le domaine de la SP travaillent ensemble pour relever les défis en commun.

Nous devons éviter les silos, personnes touchées par la SP, neurologues, scientifiques et Société canadienne de la sclérose en plaques ; tous doivent travailler ensemble. Karen est emballée par l’effervescence actuelle et par toutes les découvetes a venir.

Peer Baneke et Karen Lee





Exposition au soleil

Dr Jorge Correale

Ma deuxième entrevue a un lien direct avec celle d'hier (vitamine D). Le Dr Jorge Correale, directeur du département de neuro-immunologie à l'Institut de recherche en neurologie Docteur Raul Correa (Argentine), s'intéresse aux changements immunologiques causés par la vitamine D.

Il s'y est intéressé puisque la prévalence de la SP est élevé dans les pays éloignés
de l’équateur et le Canada en est un exemple. Les causes de la SP seraient multiples : génétique, environnemmentale, immunologique. On sait que la vitamine D a besoin des rayons du soleil pour être activée dans le corps humain et qu’elle aurait un effet régulatoire sur le système immunaire.


Docteur Jorge Correale
Le rêve du Dr Correale est évidemment la découverte du remède à la SP. Il ne croit pas cependant que la vitamine D sera la solution à elle seule. Elle serait plutôt complémentaire aux traitements actuellement disponibles et à venir. Il croit que la prise d’une dose de vitamine D et une exposition au soleil pourrait retarder la venue des poussées, surtout chez les personnes ayant le syndrome clinique isolé (SCI - première poussée). Selon lui, une exposition de 20 minutes par jour suffirait et pour plus de sécurité, il n’est pas recommandé de s’y exposer entre midi et 14 h.



Des services internationaux

Fondation MS Base
La Fondation MS Base est un organisme à but non lucratif dont les bureaux administratifs sont situés en Australie. Il s'agit d'un registre en ligne pour les chercheurs. Ceux-ci peuvent s'en servir gratuitement pour collecter des données, pour gérer les données de leurs études et collaborer avec des chercheurs de par le monde. Cinq cliniques de SP du Canada utilisent cette base de données.


Un événement majeur

 

L'ECTRIMS 2012, c'est...

  • Plus de 6000 chercheurs, neurologues et infirmiers qui y participent;
  • Des participants de partout à travers le monde, dont une importante délégation vient du Canada;
  • Cent vingt présentations et conférences en quatre jours.

mardi 9 octobre 2012

Vitamine D


Avant même que le congrès ne débute, j'ai eu la chance de m'entretenir avec le Dr Alberto Ascherio, professeur en épidémiologie et nutrition au Harvard School of Public Health (Boston). Il s'intéresse aux facteurs pouvant potentiellement augmenter le risque d'avoir la SP notamment le tabagisme, le virus d'Epstein-Barr et la carence en vitamine D. Il présentera cette semaine les résultats de ses investigations sur cette dernière.


Dr Alberto Ascherio
Ses travaux portaient plus particulièrement sur le syndrome clinique isolé (SCI), qui consiste en un premier épisode de démyélinisation touchant le système nerveux central. Des données préliminaires indiquent qu'un taux insuffisant de vitamine D chez les personnes ayant un SCI pourrait augmenter le risque d'en arriver à un diagnostic de SP. De nombreuses études en cours laissent croire que la prise de vitamine D pourrait diminuer l'activité de la maladie visible à l'imagerie par résonance magnétique ainsi que l'atrophie cérébrale et pourrait également ralentir l'évolution de la maladie. 

Le Dr Ascherio m'a confié avoir été, à prime abord, étonné des résultats des études sur la vitamine D et la SP. Il souhaiterait que toute la population en ait un taux suffisant. 

Citation du Dr Paul O'Connor, conseiller médical et scientifique de la Société canadienne de la sclérose en plaques :
" Le corpus de données probantes sur la vitamine D s'enrichit rapidement et il est porteur d'espoir, car si la vitamine D était effectivement un facteur de risque de la SP, ce serait un facteur facilement modifiable. "