mercredi 2 octobre 2013

Entrevue avec le Dr Francois Émond


Le Dr Émond est neurologue et directeur de la clinique de SP de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec, une clinique bien implantée ayant une vaste clientèle. Il a accepté de donner cette entrevue qui porte plus particulièrement sur sa participation à l’essai clinique pancanadien sur l’insuffisance veineuse céphalorachidienne chronique (IVCC) et la sclérose en plaques.

 
En quoi ce genre d’événement est-il important pour vous? Que ce congrès vous apporte-t-il?
Le congrès de l’ECTRIMS est en fait un congrès mondial annuel. Il s’agit du plus gros événement sur la sclérose en plaques et c’est ici que l’on communique les résultats des grandes études les plus importantes. J’y rencontre des collègues de partout à travers le monde, c’est un lieu d’échange. C’est ici que je fais le point sur les traitements actuels et à venir, que je m’assure que mes connaissances soient à jour. Bref, selon moi, il faut y être!

J’ai suivi deux cours ce matin, le premier portait sur le choix du traitement. J’ai pu valider mes façons de faire. Dans notre pratique, on utilise les données scientifiques mais il faut aussi utiliser notre expérience clinique.
Le sujet du deuxième cours était le diagnostic différentiel. Je dirais que le diagnostic de SP est assez simple à poser trois fois sur quatre. Les critères sont de plus en plus précis et l'utilisation de l'IRM se fait maintenant de façon standardisée. Malheureusement, chez une personne sur quatre, c’est plus complexe. Les symptômes ou les résultats de l’imagerie par résonance magnetique (IRM) ne sont pas clairs. Certaines maladies comme la neuromyélite optique et les encéphalopathies ressemblent beaucoup à la SP mais ne se traitent pas de la même façon. Il est donc primordial de savoir les identifier.

Vous participez à l’essai clinique pancanadien sur l’IVCC et la SP. Pourquoi avoir choisi de vous investir dans ce projet de recherche?
En 10 ans de carrière, c'est la première fois que je suis interpellé par autant de personnes sur un même sujet. Personnellement, je trouve les résultats de certaines études assez intrigants. Je veux avoir des réponses solides et définitives autant que possible. De plus, notre centre a toutes les ressources nécessaires pour participer à cette étude (radiologiste, neurochirurgien, équipement, etc.). J'ai vu une patiente qui avait une certaine amélioration objective de sa condition après la veinoplastie. La plupart du temps, ce sont des améliorations subjectives, donc plus difficiles à mesurer en dehors des essais cliniques. Si nous avons, ne serait-ce qu'une seule participante à l'essai clinique qui a des améliorations suite à l'intervention, nous pourrons évaluer ses caractéristiques. Nous pourrions ensuite identifier quelles seraient les personnes pouvant bénéficier de la veinoplastie. 

Parlez-nous un peu de l'étude...
Quatre centres (Montréal, Québec, Winnipeg, Vancouver) y participent et recruteront un total de 100 participants.  Le point fort de l'étude est que tous les participants auront la veinoplastie. La moitié des participants l'auront en début d'étude alors que l'autre moitié servira de groupe témoin (fausse intervention). L'année suivante, le groupe témoin initial aura l'intervention alors que l'autre groupe aura une fausse intervention. Tout se fera à l'aveugle : ni l'investigateur, ni le participant ne saura à quel moment il aura la vraie veinoplastie. Les interventions se feront sous sédation consciente pour diminuer l'inconfort et éviter que le participant ne devine dans quel groupe il se retrouve.

Plusieurs outils de mesure de résultats seront utilisés : clichés d'IRM, questionnaire sur la qualité de vie, sur la fatigue, etc.

Où en êtes-vous avec le recrutement?
Nous avons une liste de personnes intéressées à participer, cependant, la sélection doit se faire de façon rigoureuse si l'on souhaite que les résultats soient valables.

Critères : être suivi par un neurologue, pouvoir se rendre à des rendez-vous de suivi plusieurs fois sur une durée de deux ans, ne pas être trop éloigné de l'hôpital pour pouvoir réagir en cas de problèmes, être capable de marcher (avec ou sans aide technique), etc. On doit cibler des personnes dont le risque d'abandon est plus faible, car on ne peut pas se permettre de perdre trop de joueurs en cours de route.

Quels sont les risques pour les participants?
La veinoplastie est une procédure assez sécuritaire puisqu'on n'utilise pas d'endoprothèse (stent).

La recherche multicentrique a toujours été un mystère pour moi. Comment des chercheurs arrivent-ils à travailler ensemble à distance sur un même projet de recherche?
Il est très important d'avoir des coordonnateurs de recherche de qualité; la recherche est un travail d'équipe. L'équipe du Dr Traboulsee à Vancouver a développé le protocole. Nous avons eu une réunion d'équipe en personne pour le finaliser. Nous avons des téléconférences chaque semaine; on fait des mises à jour, on parle des problèmes, on met en commun nos expériences. S'il le faut, on apporte des changements au protocole. À la fin de l'étude, toutes les données seront acheminées à Vancouver et seront mises en commun.


Merci Dr Émond, bonne chance avec votre étude!

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